Est-ce que cette aide de 10’000 francs aux pêcheurs est vraiment une bagatelle?

Dans le monde de la pêche, une récente aide financière de 10’000 francs fait débat. Cette somme peut-elle être considérée comme une simple bagatelle ou cache-t-elle des enjeux plus profonds? Plongeons ensemble dans cette question délicate pour en comprendre tous les tenants et aboutissants.

Des aides financières insuffisantes pour les pêcheurs du lac de Neuchâtel

La pêche professionnelle sur le lac de Neuchâtel fait face à une situation critique. Les prises ont considérablement diminué, passant de 135 tonnes en moyenne durant la décennie précédente à seulement 26 tonnes ces trois dernières années. Face à cette crise, les cantons de Vaud, Neuchâtel et Fribourg ont décidé de reconduire leur soutien financier aux pêcheurs professionnels, à hauteur de 10’000 francs par an et par personne, pour la période 2025-2027.
Cependant, cette aide financière est-elle réellement suffisante pour permettre aux pêcheurs de faire face aux difficultés auxquelles ils sont confrontés ? Pour Claude Delley, pêcheur professionnel à Portalban, la réponse est claire : non. Selon lui, ce montant ne couvre pas les dépenses essentielles telles que l’achat de filets ou l’essence pour les bateaux. Cette somme doit donc être répartie entre plusieurs postes, sans réellement permettre aux pêcheurs de dégager un salaire décent.

Une baisse alarmante des prises

La diminution des prises de poissons est un problème majeur pour les pêcheurs du lac de Neuchâtel. Les corégones, en particulier, se font de plus en plus rares. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : seulement 26 tonnes de poissons ont été capturées ces trois dernières années, contre 135 tonnes en moyenne lors de la décennie précédente. Même si l’année 2023 a enregistré une légère hausse des rendements par rapport à 2022, avec 127 tonnes de poissons pêchées, ce chiffre reste bien en deçà des années où plus de 300 tonnes étaient capturées.

Le cormoran, un prédateur redoutable

Face à cette situation, une question se pose : qui est responsable de cette diminution dramatique des prises ? Les pêcheurs pointent du doigt le cormoran, un oiseau qui niche autour du lac de Neuchâtel depuis 2001. Selon une étude, les dégâts causés par les cormorans aux filets et aux prises de poissons se chiffrent à 60’000 francs par an. Le dommage annuel brut est estimé à 217’000 francs, soit 4,7% du rendement annuel brut.
Pour contrer l’impact du cormoran, la Commission intercantonale des cantons de Vaud, Neuchâtel et Fribourg propose plusieurs mesures. Elle souhaite repousser la période de protection du cormoran du 1er mars au 1er avril et autoriser le tir des jeunes cormorans toute l’année. De plus, une motion a été déposée pour réguler la population de ce prédateur.

Les autres facteurs de la crise

Outre le cormoran, d’autres facteurs contribuent à la crise de la pêche sur le lac de Neuchâtel. Le réchauffement de l’eau, la pollution et l’arrivée de la moule quagga, un mollusque invasif, jouent un rôle important dans la diminution des prises. La moule quagga recouvre le frai naturel et détruit les œufs des poissons. De plus, les poissons qui parviennent à survivre sont souvent mangés par les oiseaux avant d’avoir eu le temps de se reproduire. La pisciculture, en réalisant des alevinages, contribue partiellement au repeuplement du lac, mais ne peut compenser la baisse des captures.

Une aide financière loin d’être suffisante

Face à cette crise majeure, l’aide financière de 10’000 francs par an et par personne accordée aux pêcheurs professionnels du lac de Neuchâtel semble dérisoire. Les dépenses nécessaires pour exercer leur métier dépassent largement cette somme, ce qui contraint les pêcheurs à travailler à perte. Il est donc urgent de revoir ces aides financières et d’envisage des mesures plus importantes pour soutenir cette profession essentielle à l’équilibre écologique du lac de Neuchâtel.
En conséquence, il est évident que l’aide de 10’000 francs aux pêcheurs du lac de Neuchâtel n’est certainement pas une bagatelle. Face à une crise majeure et à des causes multiples, il est essentiel de repenser et de renforcer les soutiens financiers accordés aux pêcheurs dans le but de préserver leur activité et de garantir la pérennité de la pêche sur le lac de Neuchâtel.


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