La Côte d'Ivoire va-t-elle perdre sa richesse marine à cause de la pêche illicite ?

La Côte d’Ivoire va-t-elle perdre sa richesse marine à cause de la pêche illicite ?

La pêche illicite constitue une menace sérieuse pour les ressources marines de la Côte d’Ivoire, mettant en péril l’équilibre écologique et économique du pays. Avec des pertes estimées à plus de deux milliards de dollars chaque année dans la région du Golfe de Guinée, cette activité illégale prive les populations locales de leurs moyens de subsistance et épuise les stocks de poissons.

Des conséquences désastreuses pour les pêcheurs artisanaux

La diminution de la quantité de poissons dans les eaux ivoiriennes affecte directement les 70 000 pêcheurs artisanaux du pays.

Contraints de s’endetter pour financer le carburant et le matériel nécessaire à leurs sorties en mer, ils voient leur revenu diminuer considérablement. Alors qu’ils gagnaient autrefois 3 000 euros par an, ils peinent aujourd’hui à atteindre les 1 200 euros.

Outre les facteurs tels que le réchauffement climatique et la pollution, la pêche illicite est largement pointée du doigt comme l’une des principales causes de cette raréfaction des ressources. L’utilisation de dispositifs de concentration de poissons par les embarcations industrielles ou semi-industrielles est particulièrement critiquée.

Ces mini-îles flottantes, utilisées de manière excessive, attirent des poissons n’ayant pas atteint l’âge adulte et engendrent des prises accessoires d’espèces protégées.

L’implication de la pêche industrielle étrangère

Le conflit entre la pêche artisanale et la pêche industrielle s’intensifie également du fait des nationalités des pêcheurs.

Alors que les pêcheurs artisanaux sont majoritairement ouest-africains, la pêche industrielle est principalement menée par des navires européens contrôlés par des Chinois ou des Coréens.

Ces derniers ont tendance à enfreindre davantage les règles et à exercer des techniques de pêche illicite.

Les débarquements de poisson non autorisés et non réglementés dans le port d’Abidjan sont un exemple flagrant de la complicité des autorités portuaires dans la pêche illicite.

Des navires étrangers parviennent à débarquer du poisson pêché dans les eaux ivoiriennes sans être inquiétés, mettant en évidence la faiblesse du système de contrôle et de surveillance.

Des actions insuffisantes pour lutter contre la pêche illicite

Malgré une volonté politique affirmée de lutter contre la pêche illicite, les mesures prises jusqu’à présent n’ont pas suffi à endiguer ce fléau.

La côte ivoirienne se dote progressivement d’un arsenal législatif et réglementaire, renforce les contrôles en mer et met en œuvre des programmes de surveillance satellitaire.

Ces actions demeurent insuffisantes pour prévenir efficacement la pêche illicite.

Il est essentiel de renforcer la coopération internationale pour combattre ce phénomène, en œuvrant notamment à la traçabilité des produits de la mer et à la mise en place de sanctions dissuasives.

Il est également crucial d’impliquer davantage les acteurs locaux et les communautés de pêcheurs dans les décisions et les actions visant à protéger les ressources marines.

Privilégier une gestion durable des ressources halieutiques

Pour préserver la richesse marine de la Côte d’Ivoire, il est impératif de mettre en place des mesures de gestion durable des ressources halieutiques.

Cela passe par des actions telles que la fermeture temporaire de la pêche pour permettre la reconstitution des stocks de poissons, la réglementation des engins de pêche pour prévenir la capture de poissons juvéniles et la création d’aires marines protégées.

La protection de la biodiversité marine et la préservation des moyens de subsistance des pêcheurs artisanaux sont des enjeux cruciaux pour l’avenir de la Côte d’Ivoire.

La lutte contre la pêche illicite ne peut se faire sans une mobilisation collective et des mesures concrètes pour garantir la durabilité des ressources océaniques.


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